Lorsqu'un couple se marie en France, il a le choix entre différents régimes matrimoniaux qui régissent les biens et les dettes des époux pendant le mariage et après. Voici un guide complet pour bien choisir son contrat de mariage
Avant de se marier, il est important de réfléchir à sa situation personnelle et financière pour choisir le régime matrimonial le plus adapté. Voici quelques questions à se poser :
- Avez-vous des biens propres importants (immobilier, épargne, etc.) que vous souhaitez préserver ?
- Prévoyez-vous d'avoir des enfants et de vous arrêter de travailler pendant un certain temps ?
- Avez-vous des dettes personnelles (prêt étudiant, crédit à la consommation, etc.) ?
- Avez-vous des projets d'investissement (achat immobilier, création d'entreprise, etc.) ?
- Souhaitez-vous une indépendance financière pendant le mariage ou préférez-vous une gestion commune des biens ?
- Avez-vous des attentes particulières en cas de divorce (partage des biens, pension alimentaire, etc.) ?
Voici un tour d'horizon des principaux régimes matrimoniaux en France :
C'est le régime légal qui s'applique par défaut si les époux ne signent pas de contrat de mariage. Dans ce régime :
- Tous les biens acquis pendant le mariage (salaires, épargne, biens immobiliers, etc.) sont communs aux deux époux, sauf exceptions (dons et legs, biens personnels, etc.).
- Les dettes contractées pendant le mariage sont communes, sauf exceptions (dettes personnelles antérieures au mariage, amendes, etc.).
- En cas de divorce, les biens communs sont partagés en deux parts égales.
- Chaque époux conserve la propriété et la gestion de ses biens personnels (biens possédés avant le mariage, reçus par donation ou succession)
- Le logement de la famille est particulièrement protégé et ne peut être vendu ou géré seul par un époux, qu'il soit un bien commun ou propre.
Avantages : simplicité, partage équitable des biens et dettes, protection du conjoint le plus faible économiquement.
Inconvénients : pas de possibilité de personnaliser le régime, risque de conflits en cas de désaccord sur la gestion des biens communs.
Dans ce régime, chaque époux conserve la propriété et la gestion de ses biens personnels. Les biens acquis pendant le mariage appartiennent à celui qui les a achetés. Les dettes contractées par un époux lui sont personnelles.
Avantages : indépendance financière, pas de risque de conflits sur la gestion des biens, possibilité de faire des donations entre époux.
Inconvénients : pas de protection du conjoint le plus faible économiquement en cas de divorce, risque d'inégalités patrimoniales entre les époux, pas de partage automatique des biens en cas de divorce.
Le régime de la participation aux acquêts est un régime matrimonial hybride qui combine la séparation de biens pendant le mariage et un partage des biens acquis pendant l'union en cas de dissolution du régime.
Voici les principales caractéristiques de ce régime :
- Pendant le mariage, chaque époux conserve l'administration, la jouissance et la libre disposition de ses biens personnels, comme dans un régime de séparation de biens.
- En cas de dissolution du régime (divorce ou décès), il y a partage des acquêts (biens acquis pendant le mariage) entre les époux.
Le patrimoine originaire de chaque époux (biens possédés au jour du mariage et biens acquis par succession ou donation) est estimé au jour de la dissolution.
- Les dettes de chaque époux sont déduites de leur patrimoine final pour calculer les acquêts nets.
- Chaque époux a le droit de participer pour moitié en valeur aux acquêts nets constatés dans le patrimoine de l'autre.
- Des clauses particulières peuvent être ajoutées au contrat de mariage, comme une clause de partage inégal des acquêts ou une attribution intégrale au conjoint survivant.
Avantages : Indépendance financière pendant le mariage, protection du conjoint le plus faible économiquement en cas de divorce, possibilité de personnaliser le régime avec des clauses spécifiques.
Inconvénients : Plus complexe à mettre en place qu'un régime de communauté ou de séparation de biens, risque de conflits en cas de désaccord sur l'évaluation des acquêts lors de la dissolution.
La communauté universelle est un régime matrimonial qui implique la fusion des patrimoines des deux époux. Voici les principales caractéristiques de ce régime :
Tous les biens présents et futurs des époux, acquis avant ou pendant le mariage, sont mis en commun, quel que soit le mode d'acquisition.
En cas de décès d'un époux, le conjoint survivant devient propriétaire de l'intégralité des biens communs.
Des clauses d'attribution intégrale des biens au conjoint survivant ou de préciput peuvent être ajoutées au contrat de mariage.
La communauté universelle engendre des frais notariés importants, notamment en cas de changement de régime matrimonial.
Les assurances-vie souscrites avant la mise en place de la communauté universelle ne sont pas bouleversées.
Avantages : Simplicité de gestion du patrimoine commun, protection du conjoint survivant en cas de décès, possibilité d'ajouter des clauses d'attribution intégrale ou de préciput.
Inconvénients : Frais notariés élevés, risque de conflits en cas de divorce si le patrimoine est important, pas de possibilité de transmettre une partie de son patrimoine à ses enfants en cas de décès.
En cas de remariage, il est important de protéger les droits des enfants issus d'une précédente union. Voici quelques options :
- Choisir un régime de séparation de biens avec société d'acquêts pour préserver les biens propres de chaque époux et de leurs enfants respectifs.
- Faire des donations entre époux avec réserve d'usufruit au profit des enfants pour leur assurer un patrimoine en cas de décès d'un parent.
- Prévoir des clauses testamentaires pour transmettre ses biens aux enfants en cas de décès.
Lorsqu'un des époux est étranger, il faut tenir compte de sa loi nationale pour choisir le régime matrimonial. Certains pays n'ont pas de régime de communauté. Il est conseillé de faire appel à un notaire spécialisé pour sécuriser la situation.
Si un des époux est entrepreneur ou exerce une profession libérale, il peut être préférable de choisir un régime de séparation de biens pour protéger son outil de travail en cas de divorce. Les biens professionnels restent la propriété de l'époux qui les a acquis.
Pour protéger les droits des enfants, il est possible de prévoir des clauses dans le contrat de mariage, comme l'attribution préférentielle de certains biens en cas de divorce ou de décès d'un parent. Un notaire pourra conseiller la meilleure solution.
Le choix du régime matrimonial est un acte important qui doit être réfléchi en fonction de sa situation personnelle et financière. Il est conseillé de faire appel à un notaire pour sécuriser sa situation et adapter le contrat de mariage à ses besoins spécifiques.Le notaire a plusieurs rôles :
- Conseiller les époux sur le régime matrimonial le plus adapté à leur situation.
- Rédiger le contrat de mariage en respectant les souhaits des époux et la loi.
- Enregistrer le contrat de mariage auprès du service des impôts.
- Délivrer une copie authentique du contrat aux époux.
- Conseiller les époux en cas de modification ou de dissolution du mariage.
Les frais de notaire pour l'établissement d'un contrat de mariage varient selon la complexité du dossier et la région. Ils sont généralement compris entre 300 et 800 euros.En choisissant un contrat de mariage adapté à sa situation et en faisant appel à un notaire, un couple peut sécuriser son union et envisager l'avenir avec sérénité.